ADN Ouest dévoilait début décembre les résultats de son premier Observatoire de la maturité Numérique Responsable dans l'Ouest, une initiative inédite qui couvre l'ensemble des Pays de la Loire et de la Bretagne.
Soutenu par les Régions Bretagne et Pays de la Loire, Nantes Métropole, l'ADEME, le CNRS et l'Inria via le programme Alt-Impact, cet observatoire dresse un état des lieux précis de l'intégration des enjeux éthiques, sociaux et environnementaux dans les pratiques numériques de notre territoire.
Une volonté d'agir encore peu structurée
Les chiffres sont encourageants : parmi les 124 organisations interrogées, trois quarts ont déjà mis en place des actions ou une stratégie en faveur du Numérique Responsable. Cette dynamique témoigne d'une réelle prise de conscience collective.
Toutefois, le score moyen de maturité de 5,2 sur 10 révèle que ces démarches manquent encore de structuration. Moins d'un tiers des répondants disposent d'une véritable stratégie formalisée, et seulement un quart allouent des ressources humaines et financières spécifiquement dédiées à ces enjeux.
David Léaurant, Président d'ADN Ouest
Un écart marqué entre prestataires et utilisateurs
L'étude fait émerger une disparité significative : les prestataires du numérique obtiennent un score de 5,63 sur 10, tandis que les structures utilisatrices atteignent 4,74 sur 10. Cette différence est particulièrement visible sur le volet sensibilisation, où 60 % des prestataires ont formé au moins trois cinquièmes de leurs équipes, contre moins de 20 % des structures utilisatrices.
Six grands piliers passés au crible
Stratégie et Gouvernance
Plus de la moitié des directions générales se disent sensibles aux enjeux du numérique responsable, mais le passage à l'action reste timide. Point positif : près de 70 % des organisations ont réalisé ou engagé un bilan carbone, un premier pas concret vers la mesure de leur impact.
Sensibilisation et Formation
La communication interne et externe sur ces sujets reste limitée : seules 27 % des organisations communiquent en interne, et 17 % à l'externe. Côté formation, les prestataires se distinguent nettement avec 43 % ayant défini une stratégie de montée en compétences techniques, contre seulement 14 % des structures utilisatrices.
Empreinte Environnementale
Si 86 % des organisations intègrent des critères de numérique responsable dans leurs achats, seules 27 % le font de manière structurée. L'éco-conception reste peu pratiquée (26 % chez les prestataires, 11 % chez les utilisateurs), et la gestion du cycle de vie des données demeure un angle mort majeur avec seulement 7 % d'application systématique.
Accessibilité et Inclusion
Malgré le renforcement des obligations légales, seules 7 % des organisations affichent une conformité partielle ou totale au RGAA sur l'ensemble de leurs projets numériques. Par ailleurs, seules 30 % ont formalisé une politique interne de parité, alors que le déséquilibre dans le secteur reste préoccupant au niveau national.
Éthique et Souveraineté
La prise de conscience sur les enjeux de souveraineté numérique progresse, mais seulement 30 % des organisations ont engagé une démarche structurée pour réduire leur dépendance aux infrastructures extra-européennes. Le respect réglementaire apparaît comme un moteur efficace : 90 % déclarent avoir engagé des actions pour se conformer aux obligations existantes.
Veille et Innovation
L'intérêt pour la veille technologique est réel, avec 80 % des organisations pratiquant une veille ponctuelle. Cependant, seules 13 % intègrent pleinement les enjeux du numérique responsable dans leurs offres et services.
2026 : faire du Numérique Responsable un levier stratégique
En 2025, le numérique responsable a été confronté aux réalités du marché et aux tensions géopolitiques : chaîne de valeur complexe, forte dépendance à quelques acteurs extra-européens, et pression croissante autour de l'intégration de l'IA.
Pourtant, le numérique responsable représente bien plus qu'une simple réponse aux enjeux environnementaux. C'est un véritable levier stratégique qui permet d'adresser la souveraineté numérique, de maîtriser les coûts informatiques et d'instaurer un cadre d'usage responsable de l'intelligence artificielle.
"Observer autrement, c'est déjà agir différemment" : ADN Ouest appelle désormais les organisations à transformer l'essai en faisant du Numérique Responsable un axe majeur de leur transformation stratégique.