Vers un numérique innovant et vertueux
Article
Début novembre, une trentaine d'adhérents ADN Ouest étaient à Lisbonne pour découvrir les dernières innovations présentées au Web Summit dans le cadre de la délégation co-organisée avec IciLundi.
Une semaine pour s’inspirer, capter les tendances…mais aussi pour prendre de la hauteur, sortir du quotidien et profiter d’échanges entre membres de la délégation.
Pour sa dixième année à Lisbonne, le Web Summit a rassemblé 71 300 participants, 2 720 startups et 1 857 investisseurs venus de 157 pays. Mais au-delà des chiffres impressionnants, c'est une transformation profonde qui a marqué cette édition anniversaire : l'intelligence artificielle a littéralement pris le pouvoir, au point d'effacer le "Web" du Web Summit.
La délégation ADN Ouest a observé un écosystème en pleine ébullition, mais aussi en pleine confusion. De nombreux projets présentés n'avaient ni produit abouti ni même prototype, malgré des levées de fonds parfois très importantes. Le constat est sans appel : beaucoup d'IA "bullshit", où un simple prompt se transforme en startup, avec des fonctionnalités superficielles et des cas d'usage peu convaincants.
L'absence des grands acteurs de l'IA (OpenAI, Mistral, N8N...) a renforcé cette impression d'un écosystème fragmenté, manquant de vision d'ensemble. Plutôt que des plateformes intégrées, le salon présentait une multitude de micro-solutions, souvent des "custom GPT" déguisés en startups innovantes.
Malgré cette maturité variable, plusieurs tendances structurantes se dessinent clairement :
La mort du SaaS et du web traditionnel : le modèle logiciel classique est en train de basculer, particulièrement dans le customer service. Le modèle publicitaire et le web basé sur le SEO s'effacent progressivement au profit de recherches agentiques, conversationnelles et contextuelles.
L'avènement des agents IA : nouveau paradigme comparable au passage du Web au Mobile. Ces agents autonomes représentent une révolution, même si seule une minorité est réellement en production aujourd'hui.
La data comme colonne vertébrale : sans architecture data solide, les solutions IA restent gadgets. L'interconnexion, les microservices et les APIs ouvertes deviennent indispensables.
Au-delà de la technologie, c'est toute la dimension humaine qui est bouleversée. Les participants ont relevé plusieurs signaux d'alerte :
Mais aussi de nouvelles opportunités : le vibe coding démocratise la création d'applications, la curiosité devient une compétence centrale, et de nouveaux "superpouvoirs" émergent.
La délégation identifie plusieurs écueils majeurs :
Face à ces constats, la délégation formule plusieurs recommandations pour les organisations :
L'état d'esprit à adopter :
"Nous quittons un modèle maîtrisé pour entrer dans une zone d'incertitude où l'IA bouleverse usages, métiers et business models", résume la délégation. Les organisations doivent pivoter vite, sans le temps d'adaptation qu'avaient permis les précédentes ruptures technologiques.
Le verdict final est partagé : malgré l'impression d'une bulle et d'un manque de maturité, tout reste à inventer. Et c'est précisément le moment d'agir. "C'est excitant bien que déroutant", conclut l'équipe, portée par la conviction que c'est dans le collectif que se trouve la force pour naviguer cette transformation sans précédent.
La valeur phare de cette participation n'a pas tant été le salon lui-même que la capacité du collectif à analyser, structurer et challenger ce qu'il voyait. Les échanges internes entre membres de la délégation se sont révélés "encore plus utiles que le salon lui-même". La diversité des profils a permis une "cross-fertilisation" très forte et une capacité à identifier rapidement le "bullshit" dans les solutions présentées.
Point noir de cette édition : l'absence totale de représentation française d'envergure. Aucun stand de Mistral, Business France ou pavillon pour représenter les pépites françaises. Une "désillusion collective" face aux 109 milliards d'euros annoncés pour l'IA en France, mais aucune traduction concrète sur la scène internationale.
Certains y voient pourtant une opportunité : "la France aurait sa place ici". Les membres de la délégation invitent à se poser sérieusement la question de cette représentation pour renforcer la présence de la France et notre impact dans cet écosystème en pleine effervescence.
Un grand merci à tous les membres de la délégation 2025 :
